Nom : Schnyder
Prénom : Cédric
Profession : Géologue
PC: Qui êtes vous ? D’où venez-vous ? Qu’est-ce qui vous amène à Genève ?
CS: Genevois pur souche (non, moitié Neuchâtelois et moitié Lucernois), type plutôt sédentaire n’ayant jamais voulu quitter le confort de son canton natal. Pour un type qui se destinait à être volcanologue, c’était plutôt mal parti !
Année de naissance : 1978
PC: Quelle est votre définition de la passion ?
CS: C’est celle qui nous anime, qui nous fait vivre, qui nous pousse à entreprendre !
PC: Quelle est votre passion ?
CS: La passion des sciences, en particulier, celles qui concernent notre Terre.
PC: Pouvez-vous nous expliquer votre passion ?
CS: La passion d’essayer de comprendre les mystères de notre belle planète, ses beautés, son fonctionnement et les processus naturels qui la façonnent. Les ressources naturelles et leurs enjeux sociétaux sont également une préoccupation qui me touche.
PC: Depuis quand êtes-vous passionné(e) ?
CS: Un gamin déjà passionné par les cailloux, alors que ceux et celles de mon âge tapent dans le ballon et s’intéressent aux chanteurs à la mode ! Où comment être un ovni et voyager en mode extra-orbital à des lieues des préoccupations premières des gens…
PC: Comment l’êtes-vous devenu(e) ?
CS: Plusieurs personnes ont apporté leur pierre à l’édifice ! Des amies et amis qui m’ont offert mes premiers cristaux ou emmené chercher des cailloux. Des films des volcanologues Krafft et Tazieff sur les volcans. La visite de mon premier volcan, la Montagne Pelée en Martinique, à 11 ans. Des balades en montagne avec la ferme intention de savoir sur quoi je posais mes pieds (d’autres s’intéressent bien aux papillons ou aux voitures allemandes…).
PC: Avez-vous une anecdote liée à votre passion ?
CS: Dans le cratère Stephanos du volcan de Nisyros, en Grèce, je me suis assis sur un bloc de pierre dans le cratère pour y déguster mon sandwich, environné de fumerolles à la délicieuse odeur caractéristique d’œufs pourris (un goût de reviens-y). Lorsque 20 minutes plus tard, je me suis relevé pour discuter avec une touriste anglaise, j’ai senti un courant d’air sur mes fesses. L’acidité du bloc avait rongé le coton de mon short et lorsque la visiteuse m’a demandé la raison de mon trouble, je lui ai montré le derrière de mon short en lambeaux ! J’ai attendu le départ du dernier touriste pour l’enlever et mettre un pantalon de travail beaucoup plus solide, que j’avais heureusement prévu dans le sac à dos !
PC: Comment est-ce que vous cultivez votre passion ?
CS: Par des rencontres professionnelles et extraprofessionnelles (je ne m’étendrai pas davantage là-dessus, beaucoup d’autres l’ayant déjà fait), par des balades dans la nature, par des visites et par le suivi de l’actualité scientifique.
PC: Pouvez-vous nous raconter un moment fort lié à votre passion ?
CS: Je me suis rendu à l’éruption de l’Etna en septembre 2004, lors des vacances universitaires. Je n’avais jamais été aussi près d’une coulée de lave. Le choc ! Je suis resté quatre jours à observer cette placide rivière de lave et j’y ai rencontré des volcanologues de l’observatoire de Catane. J’ai pu les côtoyer pendant leur travail sur le volcan. Et on pourrait s’ennuyer ferme en n’ayant qu’une seule chaîne à regarder, en continu, mais le milieu est tellement grandiose et le phénomène tellement impressionnant, que même passif, on passerait des heures à contempler un fleuve igné qui coule à 1090°C et qui n’a pas demandé autant de voyeurisme !
PC: Est-ce que vous désirez transmettre cette passion ?
CS: Je transmets depuis de nombreuses années cette passion, par des articles de vulgarisation, par des conférences, par des visites, par des excursions ou des rencontres avec des mordus de cailloux ou de sciences. Et bien évidemment dans le cadre de mon travail au Muséum d’histoire naturelle de la Ville de Genève !
PC: Avez-vous des modèles/icônes dans votre passion ? Et pourquoi eux/elles ?
CS: De manière générale, tous les gens passionnés qui donnent un sens à leur vie. En particulier, Marie Curie, qui a voué sa vie à étudier la radioactivité et qui a mis sa profession au service des humains, en faisant des radiographies de terrain pendant la première guerre mondiale. Elle décèdera en Haute-Savoie d’une leucémie, consécutive d’années de rayonnements ionisants.
Les époux Katia et Maurice Krafft, au travers de leurs films et conférences, qui sont morts carbonisés lors d’une nuée ardente au volcan japonais Unzen en juin 1991. A la demande de l’UNESCO, ils avaient réalisé un film illustrant les dangers des éruptions. Ce film, diffusé aux populations des environs du volcan Pinatubo en mai 1991 a permis l’évacuation et la sécurisation de plusieurs centaines de milliers d’habitants. Quelques semaines plus tard, il n’y eut « que » 600 morts, principalement des tribus Aetas, lorsque l’éruption la plus puissante du XXe siècle se produisit.
PC: Quelles sont vos 3 réalisations préférées (dans le cadre de votre passion) ?
CS: Avoir commis un crime horrible, un master universitaire, qui m’a permis d’arpenter les volcans grecs en sirotant de l’ouzo et de débiter toutes sortes de fadaises scientifiques, lesquelles seront probablement démontées par le prochain géologue qui reprendra le sujet…
Avoir dirigé d’une main de cristal dans un gant d’amiante la Société Genevoise de Minéralogie pendant plus de dix ans, et ainsi avoir pu célébrer son cinquantenaire en 2017.
Enfin, ce qui constitue une prouesse : répondre à ce genre de questionnaire digne de celui de Proust !

Y a-t-il plus passionné que Cédric ?