Nom : Gallay
Prénom : Marcelle
Année de naissance : 1914 (106 ans)
PC: Bonjour Madame Gallay. C’est un honneur pour nous de pouvoir rencontrer la doyenne de Genève. Merci de nous recevoir.
Tout d’abord, pouvez-vous nous parler de votre enfance… Quelles étaient les choses différentes de maintenant ?
MG: Il n’y avait pas de frigo, de machine à laver ou de congélateur. On avait un garde-manger sous la fenêtre qui faisait office de frigo. Pour conserver le beurre, nous utilisions un récipient placé dans de l’eau froide. A cette époque il n’y avait pas de plastique ou de fermeture éclair.
Il y avait également un grand nombre de marchands qui se promenaient dans le quartier pour vendre divers produits tels que des glaces ou autres denrées. Ils faisaient le tour du quartier en criant.
Lors de mon enfance, il n’y avait également pas de radio ni de télévision. Pour écouter de la musique, on devait utiliser un gramophone.
PC: Comment faisiez-vous pour les nouvelles ?
MG: Pour les nouvelles, nous devions acheter les journaux. La radio est apparue dans les années 30 : Au début, on se regroupait avec les voisins pour écouter la radio car peu de gens en étaient équipés. Cela rendait la chose certes compliquée mais très conviviale.
PC: Quand avez-vous effectué votre premier vol en avion ?
MG: C’était en 1933. J’ai effectué un vol Genève – Lausanne et ma sœur le retour entre Lausanne et Genève avec un petit avion… quelle expérience !
PC: Vous souvenez-vous lorsque votre famille a eu une voiture pour la première fois ?
MG: En 1926/27 nous avons eu notre première voiture, une Citroën B14.
J’ai eu mon permis de conduire en 1936. A cette période, les gens n’avaient pas pour habitude de laisser les voitures dans la rue, elles étaient systématiquement rangées dans les garages.
Parallèlement, le peu d’ascenseurs qui existaient étaient des ascenseurs à eau et c’était un luxe que peu de gens pouvaient se permettre.
Il n’y avait également pas de salle de bain, juste un robinet. Les gens allaient aux toilettes communes ainsi qu’aux bains pour se nettoyer. Je me souviens être allée à de nombreuses reprises aux bains situés vers la rue de Hesse.
PC: Quels changements avez-vous remarqué entre votre enfance et maintenant ?
MG: J’ai remarqué que les goûts des gens ont changé. En effet, on ne retrouve pas les mêmes choses qu’à l’époque ou alors préparées d’une façon différente. Personnellement, je trouve que ce qui a beaucoup changé est le goût des aliments tels que les biscuits ou les bouillons qu’on préparait à l’époque ainsi que les différents pâtés que nous pouvions trouver un peu partout.
Il n’y avait pas de grands magasins comme Migros, Coop… Nous allions tous dans les différents petits magasins et chez les producteurs. Tout le monde se connaissait.
PC: Et en ce qui concerne les activités ?
MG: En hiver, nous faisions de la luge entre le chemin de Roche et la rue du 31 décembre à Genève. Il y avait beaucoup plus souvent de la neige que maintenant !
Les garçons n’avaient pas le droit de porter des pantalons jusqu’à ce qu’ils accomplissent leur confirmation donc les jeunes gens faisaient de la luge en culotte courte et les filles en jupe.
A cette même époque, il y avait toujours un train à crémaillère pour monter au Salève ainsi qu’un Zoo à Genève… Les temps ont bien changé !
La médecine a également beaucoup évoluée. Je me souviens très bien lorsque mon papa a eu la grippe espagnole. Les médecins le disaient condamné car c’était une maladie très difficile à soigner mais, par miracle, il a réussi à s’en sortir.
Finalement, en ces temps la poste passait encore 3 fois par jour pour déposer le courrier et nous avions l’école le samedi toute la journée et congé le dimanche et le jeudi. C’était une autre époque.
PC: Votre âge nous impressionne… Avez-vous un secret de longévité ?
Manger un bout de chocolat noir 70% tous les jours !