Proust sous les tropiques

Nom : Sauthier

Prénom : Etienne

Profession : Prof d’histoire en France (lycée et fac), chercheur en histoire à mes heures libres. 

PC: Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ?

ES: Suisse et Brésilien, né en Suisse et ayant en partie grandi au Brésil (petite enfance), à la charnière de l’histoire et de la littérature ; un pied en Europe, l’autre en Amérique (du sud en particulier), vivant à Paris avec un lien helvétique toujours fort. Assez citoyen du monde pour correspondre à l’idée que je me fais de Genève, ma ville suisse d’attache et de jeunesse.   

Année de naissance : 1982

PC: Quelle est votre définition de la passion ?

ES: Un goût si envahissant qu’il finit par nous définir, nous donne envie de nous y engager toujours un peu plus et entretient nos interrogations indéfiniment… À tel point qu’il nous pousse au constat qu’il vaut mieux faire le nécessaire pour en vivre.

PC: Quelle est votre passion ?

ES: L’histoire, la culture (notamment littéraire) et sa circulation (même malgré les périodes de crise).

PC: Pouvez-vous nous expliquer votre passion ?

ES: Une vraie fascination pour la manière dont les sociétés peuvent se définir, créer leurs identités, se lire en ce qui est reçu de l’étranger, en particulier dans le contexte du XXe siècle : une ère des possibles et des excès.

PC: Depuis quand êtes-vous passionné(e) ?

ES: Je pense que l’interrogation sur l’histoire je l’ai depuis l’enfance : du goût pour mes coursd’histoire humaine à mes première expériences pratiques, conscientes ou non de la matière historique (archives, sources, etc…). 

PC: Comment l’êtes-vous devenu(e) ?

ES: À l’école, lors de visites en musée, de lectures personnelles, etc…

PC: Avez-vous une anecdote liée à votre passion ?

ES: Mon premier rapport aux archives. En 1997, au moment de la sortie de Titanic, un après-midi où j’étais à la Société de Lecture, à Genève, et en avisant la merveilleuse collection du journal de Genève que possédait la société. J’ai le souvenir d’avoir pris beaucoup de plaisir à aller voir comment ce quotidien parlait, en avril 1912 de ce paquebot des rêves, de son voyage et de son destin (à mesure de l’arrivée progressive des informations).

PC: Comment est-ce que vous cultivez votre passion ?

ES: En continuant quand c’est possible mon travail en archives, en intervenant dans la vie universitaire (publications et colloques), à travers la lecture de classiques et de l’actualité de ma discipline, à travers mon travail de transmission auprès de mes élèves.

PC: Pouvez-vous nous raconter un moment fort lié à votre passion ?

ES: Quelques-uns… Des moments de partage importants avec les classes de lycée que j’ai pu avoir, le fait, tout en entretenant une certaine neutralité, de voir ces élèves se construire politiquement et intellectuellement. Voir ces élèves dépasser les déterminismes sociaux (je suis enseignant en Seine-Saint-Denis) en intégrant de belles formations ou des universités prestigieuses comme Dauphine ou Science po’ Paris. Plus que toute chose, l’occasion de constater que dans des moments de questionnement, c’est à moi qu’ils demandent des réponses. Ça va de l’interrogation sur ce qui fait que la communauté juive a longuement été persécutée (ce qui donne de quoi sortir les rames pour un moment nécessaire d’histoire de l’antisémitisme et de déconstruction d’idées reçues) aux interrogations sur la laïcité, les valeurs républicaines, etc. 

PC: Est-ce que vous désirez transmettre cette passion ?

ES: Je désire la transmettre et j’aime le faire.

PC: Avez-vous des modèles/icônes dans votre passion ? Et pourquoi eux / elles ?

ES: Fernand Braudel: Pour sa réflexion à ce qu’est l’histoire sur le temps long.

Carlo Ginzburg: Pour sa réflexion sur l’individu dans l’histoire et sa lecture du général en partant du particulier, pour la figure absolue de l’intellectuel qu’il représente à mes yeux et son engagement sans faille.

Ivan Jablonka: Pour son inscription à la charnière de la littérature et de l’histoire et pour son postulat que faire son histoire (à partir de source, on ne parle pas de mémoire), c’est aussi faire de l’histoire et s’inscrire dans son temps.

PC: Quelles sont vos 3 réalisations préférées (dans le cadre de votre passion) ?

ES: Ma thèse (sur la diffusion, la réception et la traduction de Marcel Proust au Brésil (1913-1960).

La publication de celle-ci (Proust sous les Tropiques, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2021).La réussite d’un certain nombre de mes élèves de terminales issus de milieux socialement défavorisés et qui le méritent très largement.

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