Le bois de Notre-Dame

PC :  Bonjour Gauthier Corbat. Il fait frisquet dans ces belles contrées ajoulotes. Racontez-nous qui vous êtes et ce que nous faisons ici ?
  
 GC : Bonjour Passion Communication et merci de votre venue. Je m’appelle Gauthier Corbat, directeur-adjoint du groupe industriel éponyme à Vendlincourt et Glovelier, sis dans le canton du Jura. Bien qu’il ait fallu se résoudre à le quitter pour étudier, travailler et vivre d’autres expériences, j’ai retrouvé mon Ithaque en 2016. Je vis aujourd’hui là où je suis né. Mon parcours est jalonné de choix souvent guidés par des passions. L’université pour la littérature et la peinture ; les voyages parce que les gens ; le bois et sa résonnance familiale, le Jura par amour.


 PC : Quelle est votre définition de la passion ?
  
 GC : Son désintéressement total, en marge de toute contingence matérielle et financière. Elles trouvent en elles-mêmes leur propre raison d’être. De plus, les passions n’ont rien à voir avec les hobbies. Ceux-là tuent le temps ; celles-ci vous en font gagner.

J’ai rencontré dans ma vie des individus plutôt pénibles qui devenaient soudain très intéressants. Je les avais branchés sur autre chose que leurs obligations. J’ai toujours trouvé étrange de collectionner des timbres. Mais si vous passez une journée avec un philatéliste, nul doute que sa motivation sera communicative. Les passions en disent long sur les gens. Elles dévoilent ce qui les fait vivre et aimer, au-delà du raisonnable. Ça doit être pour cela qu’à l’époque classique on les craignait. Elles étaient synonymes de débordements ; il fallait surtout les purger. 

Finalement, on fait beaucoup de choses sans en avoir le choix. Cependant, personne ne vous forcera jamais à passer des heures devant les Philodendrons de Sam Szafran à Martigny. Moi, ça m’émeut aux larmes. D’ailleurs, intrinsèquement, passions et émotions sont liées.

 PC : Quelle est votre passion ?
  
  GC : Ma région.

  PC : Pourquoi cette passion ?

GC : Elle s’est imposée à moi. La passion a des raisons que la raison ne connaît pas. Plus concrètement : son ciel, son potentiel, sa sincérité. Les livres m’ont rapproché du monde. Le Jura est une sorte de livre ouvert. Si vous n’êtes pas lecteur, ici ce n’est pas tellement un problème. Vous comblerez le manque plus facilement qu’ailleurs. L’époque est en quête d’authenticité, qui a quelque chose à voir avec la vérité. C’est l’atout du Jura.
  
  PC : Depuis quand êtes-vous passionné(e) ?
  
  TB : Depuis que Bernard Comment a décrit dans un de ses bouquins la beauté de la plaine d’Ajoie. Les clochers, les filles, les bistrots, la Saint-Martin, ses forêts, ce ciel donc, très haut, à la faveur d’une topographie bienveillante.

 PC : Comment l’êtes-vous devenu(e) ?

GC : Aucune idée. A la fin c’est une affaire de sensibilité. Vous dire pourquoi certains préfèrent les bagnoles à Sandro Botticelli ou l’escalade à la tyrosémiophilie est un peu mystérieux. Freud vous dira sur le divan que la réponse est à trouver dans l’inconscient. M’enfin, pour moi, je crois que tout vient des mots. J’aime d’abord ma région en raison de celles et ceux qui en parlent ou l’écrivent. Proust dit très justement que « la vie réellement vécue c’est la littérature ». Soudain par les livres, la réalité vous apparaît dans toute sa beauté.

S’il fallait donc tout de même donner une réponse : j’ai dû devenir passionné le jour où j’ai appris à lire.
 
  PC : Avez-vous une anecdote liée à votre passion ?
  
  GC : J’ai fait exprès de rater une correspondance entre Caracas et Zürich pour aller voir Guernica au Reina Sofia de Madrid. Ce matin-là, très tôt, la lumière sur les tables des cafés alentour était extraordinaire. Elle est aujourd’hui plus intense dans mon souvenir que le Picasso. J’aurais tant aimé qu’il pose son chevalet en Ajoie. 


  PC : Comment cultivez-vous votre passion ?
  
  GC : Je m’engage. J’essaie d’aider ma région à convaincre. Elle recèle d’histoires à raconter, parfois tombées dans l’oubli. J’ai repris le fil de quelques récits interrompus ou souhaité en écrire de nouveaux. Une usine désaffectée à rénover, un club de hockey à recréer, un marché couvert à développer, une charpente en chêne pour Notre-Dame à scier.

 PC : Est-ce que vous désirez transmettre cette passion ?

GC : la notion est assurément à inclure dans la définition du mot passion. Même les gens les plus timides le sont beaucoup moins quand ils parlent de ce qui les fait vibrer. La passion est une émancipation.
  
 
 PC : Avez-vous des modèles dans votre passion ?

  
 GC : ma mère. Elle est mue par ce qu’elle aime. Elle a sûrement quelques intérêts à défendre. Mais fondamentalement, tout ce qu’elle entreprend lui vient du cœur. Sans rien attendre en retour, ou peu. Dans mon cas, et pour ma région, je vis la chose ainsi.

PC : Quelles sont vos réalisations préférées ?
  
  GC : ma fille Alexine. Je n’ai rien fait de mieux. Et elle est née dans le Jura. Sinon, j’ai un faible pour les poutres que mon entreprise à réaliser dans le cadre de la reconstruction de la cathédrale de Paris.

Grand merci pour ce Journal Intime. N’oubliez pas que la fête de la Saint-Martin débute dans quinze jours ! Venez manger du sang de cochon en notre compagnie.

Visitez le site Internet du Groupe Corbat: www.groupe-corbat.ch

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